Il n’est pas évident, lorsque nous accédons aux espaces spirituels, à la conscience des plans énergétiques, ou lorsque nous avons la mémoire - même lorsque nous ne parvenons pas à la définir - de cette source d’amour infinie, d’accepter la vie incarnée. Car dans le monde dans lequel nous vivons, l’amour, bien qu’il soit à la source du processus de vie, est peu implanté. C’est à nous ici, de trouver et de sublimer cette source.
Le parcours spirituel nous invite à quitter la lutte en nous-même. Il nous invite à nous confronter à nos peurs, à nos douleurs, à les accueillir plutôt qu’à les craindre, à les observer pour les transformer en leçons. Lorsque nous acceptons d’en faire l’expérience, d’en avoir la connaissance, il nous est permis de les transcender. La peur et la douleur se dissolvent d’elles-mêmes dans l’accueil et le lâcher prise. Alors nous pouvons simplement émaner la sagesse du cœur.
Le parcours spirituel nous invite également à quitter la lutte envers chaque élément extérieur, qu’il s’agisse de personnes ou de situations. C’est seulement en quittant cette lutte contre les manifestations de ce monde, contre la dualité, contre l’inconscience, que nous pouvons commencer à favoriser, à notre échelle, cette ascension globale vers cette paix. La lutte engendre la lutte. La paix aspire à la paix.
Cela n’enlève en rien la capacité d’être lucide sur certaines problématiques effectives. Il ne s’agit pas d’être dans un déni. Il s’agit de faire un choix d’émanation. Lorsque nous vibrons la peur et la lutte, nous l’entretenons malgré nous. Celui qui vibre la joie et l’amour, conscient du monde de peur dans lequel il vit, au-delà des circonstances contraires à son choix, aura un pouvoir beaucoup plus important en faveur du changement, que n’importe quelle personne qui agira dans un sens conflictuel - même s’il pense avoir raison. Le pouvoir personnel, qui est si souvent évoqué et parfois mal compris, est un pouvoir d’émanation. L’émanation d’amour est une émanation transformatrice. Sa source se puise depuis notre centre, mais elle est autant tournée vers soi que vers l’autre. Elle est altruiste et sans limites. La fuite de notre incarnation, ne nous permet pas d’ancrer l’amour dans le monde.
Nous pouvons bien vivre avec de belles connexions spirituelles en étant détachés de notre civilisation, comme si l’un et l’autre étaient incompatibles. Nous pouvons en tirer des satisfactions personnelles et de beaux éveils spirituels, ainsi que des échanges privilégiés dans des cercles restreints. Mais nous constaterons, dans ce cas, un « décalage » entre notre intériorité et notre monde extérieur.
Celui qui accepte de s’ancrer également dans ce monde et l’accueille tel qu’il est, cessant de lutter contre son incarnation, nourrissant une foi indéfectible envers une évolution possible et choisissant d’exprimer pleinement la compassion, l’amour et la joie qu’il a trouvé en lui-même, dans toutes situations et au-delà de tout jugement, peut commencer à faire descendre l’énergie divine dans la densité des corps de matière et à ouvrir des espaces spirituels dans le cadre de la manifestation de son incarnation. Sa vie change et se tourne vers une abondance saine. Il est, tout en étant en accord avec lui-même, tourné vers les autres. Il incarne pleinement son équilibre. Car ce que nous sommes fondamentalement dans l’être, n’est pas séparé de l’autre.
Nous pourrions distinguer « deux facettes » de l’éveil spirituel - bien qu’il existe une multitude de formes infinies - autant qu’il existe d’êtres et d’ouvertures de conscience dans une vie - précisant que l’éveil n’est pas une « étape » mais un processus. Une facette permettant de reconnecter avec notre nature divine, notre centre d’amour et notre nature, conscience pure. Une autre, permettant de ramener cet amour divin et conscience spirituelle à notre ancrage, à le manifester dans le monde. Ces deux facettes, se réalisent avec une déconstruction majeure de nos identifications nous éloignant de notre nature spirituelle, et une intégration, c'est-à-dire une application de cette conscience dans chaque aspect de notre vie (nos relations sociales, notre gestion matérielle, notre considération de la planète et des êtres vivants).
La première facette pourrait être associée à notre dynamique « yin », au féminin sacré, dirigé vers notre intériorité. La seconde à notre dynamique « yang », le masculin sacré, tourné vers l’extérieur. Bien sûr, ces images sont à aborder d’abord de manière symbolique. Il s’agit également d’énergies. C’est l’union des deux qui à mon sens, permettrait de créer un nouveau paradigme sur terre, qui serait un paradigme de paix et d’amour.
Nous ne pouvons agir que depuis notre centre. Il ne sert à rien d’attendre que l’autre le fasse. Ce choix, est un choix qui nous appartient en propre. À chacun d’émaner ce qui lui semble opportun, au regard de sa propre conscience. C’est cela, le respect du libre arbitre. Ce même respect qui s’applique naturellement lorsque nous sortons de la lutte. Celui qui prend la responsabilité du choix d’autrui, dirige son énergie dans une direction vaine, car l’issue ne lui appartient pas en propre. Il s’épuise à convaincre et sa seule volonté de voir l’autre changer suffit à la déperdition énergétique. Lorsque nous communiquons notre joie, notre sérénité, notre émerveillement et amour, il n’y a rien de plus à faire. Ce que nous sommes, inspire, par nature. Alors nous sommes dans notre justesse, et ceux qui seront touchés par cela, seront dans leur justesse. Il n’y a rien de plus à rechercher que simplement être la version de soi que nous souhaitons être et à l’émaner.
Camille Jourdain
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